Juicy, le r’n’b belge avec une sacrée paire d’ovaires
Pétillantes, fraiches et super talentueuses… Nous avons rencontré les sensations belges Juicy qui viennent de sortir leur second EP Crumbs.
À Bruxelles-Ville, tout le monde connaît Julie Rens et Sasha Vovk. Depuis 2015, les deux amies rencontrées au Conservatoire de Jazz balaient les scènes locales de leur énergie folle : tenues extravagantes, second degré et textes décomplexés. Après des débuts en tant que groupe de reprise, Juicy déploie son r’n’b acidulé avec son second EP, Crumbs, pétri de références nineties sous la coupe d’une production contemporaine.
Des personnages fictifs pour narrer leur histoire
En live, leur talent prend toute sa mesure, comme au festival orléanais Hop Pop Hop où on les rencontre. Se rôdant sur les premières parties d’Angèle et Ibeyi, les bêtes de scène transforment leurs shows en communion païenne, jouant avec le public sans se jouer de nous. Au croisement du concert et du clip, le duo se passionne pour des live sessions qui assoient leur street-cred au-delà des frontières du royaume belge. Merci la puissance virale du net.
À contre-courant des stéréotypes, les cinq morceaux de leur EP mettent en scène autant de personnages fictifs qui sont les narrateurs de leur propre histoire. Sous la couverture d’une nymphomane enchaînée ou d’un militaire torturé, Julie et Sasha abordent et dénoncent des sujets de société. Juicy ne fait rien comme les autres, et on a décidé de les suivre en improvisant un concept d’entretien : la « Non-Interview », où nos questions tournées au négatif font ressortir leur positive attitude.
Yseult : Salut Juicy ! Votre alchimie sur scène comme dans la vie est incroyable. Alors quelle serait la raison de ne pas créer un duo ?
Julie : Si tu ne veux pas être sur un pied d’égalité, c’est une bonne raison de ne pas collaborer. Il y a plein de gens qui veulent des projets solos pour la construction de leur projet, mais nous on aime le faire ensemble.
Sasha : Être à deux c’est une force de dingue. On prend toutes les nouvelles ensemble, les bonnes comme les mauvaises, les victoires comme les échecs. Parfois on ne partage pas les mêmes avis, mais on tombe toujours d’accord. Faut le vouloir tout ça.
Julie : On a beaucoup de chances à ce niveau là, c’est aussi parce qu’on passe beaucoup de temps ensemble.
Marin : Si vous n’aviez pas fait carrière dans la musique, où vous seriez aujourd’hui ?
J.R. : J’aurais travaillé dans le social. J’ai donné beaucoup de cours à des gamins dans des milieux défavorisés, j’ai adoré.
S.V. : J’aurais bossé avec les animaux, vétérinaire sûrement !
Y. : De quel instrument vous ne pouvez pas vous passer ?
Julie & Sasha (ensemble) : Nos voix (rires) !
J.R. : Nos petites cordes vocales fatiguées. On a étudié le chant jazz, c’est vraiment notre instrument professionnel.
S.V. : Mais notre premier vrai instrument, c’est le piano.
M. : Si vous faisiez un featuring avec un artiste qui n’est plus là ?
J.R. : J’aurais kiffé chanter avec Jeff Buckley (ndlr : approbation générale).
S.V. : Pas mal ! J’ai envie de dire Jacques Brel, mais en même temps faire un duo avec lui faut être à la hauteur (rires).
M. : Vous êtes très inspirées par les années 90. Qu’est-ce qu’il manque selon vous pour que cette période ait été parfaite ?
J.&S. : Rien (rires) !
J.S. : C’est une période musicale complète et cohérente, on veut la laisser tel quel.
Y. : L’artiste belge que vous ne retirerez jamais de votre playlist ?
J.S. : Commander Spoon, c’est un quartet de jazz belge qu’on recommande à tout le monde.
S.V. : Oysted Node, c’est l’autre groupe de Julie qui fusionne le jazz avec plein d’autres styles. Ils sont incroyables.
Y. : Qu’est-ce que vous aimeriez ne jamais changer ?
S.V. : J’aimerais que l’on s’entende toujours bien et que l’on rigole toujours autant…
J.S. : Avec beaucoup d’auto-dérision.
S.V. : T’inquiète pas (rires) !
M. : Et pour prendre à contre-pied notre question signature chez Arty Magazine. Quels seraient les pièges à éviter en tant qu’artiste ?
S.V. : Ne pas perdre pied, ne pas perdre la tête.
J.S. : Il ne faut pas faire de concessions musicales pour plaire. Rester humble, et être le premier satisfait de ce que tu fais pour mieux le défendre.